Calendrier de l’Avent Festival Univerciné allemand – Jour 4

Aujourd’hui, nous vous proposons de (re)lire la critique du film « Cops », écrite par Lucie de l’équipe de notre partenaire Cinérama.

Copyright : Golden Girls Filmproduktion

Cops, de Stefan A. Lukas

Dans son film Cops, Stefan A. Lukas, traite des violences policières. Un long-métrage très ancré dans notre actualité qui laisse un goût doux amer.

Avec Cops, Stefan Lukas en est à son quatrième film et premier long métrage (Africa 11 en 2008, Zombiefication en 2010 et Void en 2012). 92 minutes pour parler d’un sujet plus que brûlant dans l’actualité européenne et mondiale : les violences policières. Cops raconte l’histoire de Christoph (joué par un convaincant Laurence Rupp), jeune nouvelle recrue de la WEGA, une section spéciale de la police de Vienne. Avant de faire officiellement partie de ces forces de l’ordre et d’arborer le béret rouge tant désiré, lui et ses camarades doivent faire leurs preuves sur le terrain. On découvre alors Christoph et Tony en compagnie de leur chef Konstantin Balgo, tous deux totalement surexcités à l’idée d’aller tâter du brigand. Pour Christoph, c’est un rêve d’enfant qui se réalise. Sauf que leur première opération dérape et plusieurs coups de feu sont tirés. Ce qui est un acte héroïque aux yeux de la WEGA est une terrible bavure aux yeux de la police de quartier…

Cops a le mérite de montrer l’envers du décors, mais sans réellement choisir un parti pris clair. Est-ce le système apprend à ces jeunes recrues à ne percevoir que du danger en permanence et à utiliser la force à la moindre occasion, ou bien ces dernières sont-elles poussées à bout par des individus en particulier (force de police ou citoyens) ? Même le spectateur ne saurait trop le dire. On voit tout au long du film, sur un fond inattendu de techno/dance floor, le doute s’installer chez Christoph, passant d’un état extatique à un déni total puis à une lourde dépression.

Mais finalement, plus que ces questions de lavage de cerveau et de violence exacerbée au sein des force de l’ordre, Cops cherche surtout à porter un regard nouveau (et lui aussi très contemporain) sur les notions de virilité et de masculinité. Ne pas pleurer, ne pas baisser la tête, ne pas souffrir et ne rien sentir : c’est à ça que l’on reconnaît un homme, un vrai, au sein de la WEGA. Montrer une once de sentiment ou de réflexion revient à se compromettre. Pas de femmes dans le service, elles ne sont bonnes qu’à être dans la police de proximité et à désorganiser les forces de l’ordre. La domination semble être la clé. Dans une période où (enfin) cette notion de virilité est remise en question, Cops réussit à mettre en évidence les dérives d’un système qui cherche à élever de vrais bonhommes. Et ça fait du bien.

Un bon premier long métrage donc, qui fait nous poser des questions intéressantes, mais qui semble seulement les effleurer. Pour un sujet aussi vaste et brûlant, on aimerait se prendre un vrai coup de poing. Malheureusement Cops est presque trop doux pour vraiment faire réagir (hormis la dernière scène qui nous laisse bien tassé au fond de notre siège). On notera cependant un très bon casting : Laurence Rupp, criant de vérité, Anton Noori et Anna Suk, qui décroche ici son second rôle au cinéma. Rôle qui lui a permis de remporter le prix de la meilleure jeune actrice au Festival Max Ophüls 2018 (Allemagne). Un film à voir, pour remettre en perspectives de nombreuses idées reçues.

Lucie